• Trésor de perles

    Trésor de perles

     Elle brille depuis des millénaires dans les trésors royaux les plus admirables de la planète, la perle, cette adorable petite bille de nacre ronde et polie, aux reflets étincelants. Elle est l'œuvre d'un mollusque, huître principalement, une œuvre magnifique qui excite la convoitise de l'homme depuis qu'il l'a découverte, environ 4 000 ans avant notre ère.

     Elle joue un rôle symbolique dans plusieurs légendes. En Inde, par exemple, c'est Krishna lui-même qui l'aurait raflé à la mer pour l'offrir en cadeaux de noces à sa fille. Les Romains, quant à eux, imputaient son origine à Vénus et elle aurait été fabriquée à partir de semence divine. Chez les Arabes, les perles seraient des gouttes de rosée tombées du ciel les nuits de pleine lune, chargées d'illuminer ensuite les grands fonds de l'océan. Elles incarnent la douceur et la perfection, la beauté et la féminité… Tout autour de la perle ne sont que poésie et harmonie.  Les perles Très tôt pourtant, l'homme a compris sa valeur. Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir en 1901 le plus ancien bijou confectionné à partir de perles, à Suza, en Iran. Le collier, ayant vraisemblablement appartenu à une princesse Achémide, ornait toujours le cou de la dépouille de ses 216 perles, et datait d'environ 4 siècles avant J.-C. En Chine, environ 2300 ans avant J.-C., la perle servait déjà de monnaie pour payer certains impôts. Dans tous les siècles qui ont suivi, ce petit joyau sphérique a tenu une place enviée dans les trésors personnels des plus grands de ce monde.

     Mais comment la perle naît-elle ? Car elle n'est pas le fait de l'homme, du moins pas avant que celui-ci ne se mette en tête d'en exploiter la production. Née du système de défense de certains mollusques, la perle résulte d'une réaction biochimique de l'animal qui la conçoit. Après l'intrusion d'un corps étranger dans sa coquille, le mollusque le scelle dans des couches de nacre. L'intrus est ainsi maîtrisé et transformé en une véritable petite œuvre d'art.

     Jadis, la perle fine était le résultat d'un hasard. Les coquillages qui n'avaient jamais été pénétrés par quelques grains de sable, poussière, larve de ver, etc., ne produisaient pas de perle. Seuls les mollusques ennuyés par un corps étranger se mettaient à l'ouvrage pour façonner leur petit trésor. D'une incomparable qualité, la perle naturelle présente une épaisseur certaine et des coloris variant selon la nutrition et la race de l'animal qui la produit. Aujourd'hui toutefois, ce sont les perles de culture que l'on retrouve le plus souvent dans les joailleries.

     La perliculture, comme de nombreuses autres cultures, est issue d'un phénomène naturel, récupéré par l'homme au service de son besoin de pouvoir et de richesse. Ce sont les Japonais qui l'ont d'abord mise au point, au début du 20e siècle, grâce à des greffes (greffons) qu'ils imposaient aux mollusques afin de les forcer à se défendre contre une intrusion. Ils glissaient un corps étranger dans la coquille, ce qui tuait généralement un pourcentage élevé des animaux, et ne réussissaient à produire que peu de perles pour le nombre d'intrusions imposées. Depuis, leur technique a été raffinée et s'est étendue à tous les archipels de l'océan Pacifique, notamment en Polynésie française, devenue le principal producteur de perles au monde. Les fermes perlières de Polynésie produisent désormais la célèbre "perle noire de Tahiti". Cette perle est due à une variété d'huîtres nommée "pinctada margaritifera" et elle donne des spécimens dont les teintes passent du vert au violet sur une gamme de clairs à plus sombres. Cette production spécifique à la Polynésie française constitue maintenant une AOC.

     Largement utilisées dans la confection de bijoux, les perles sont le plus souvent blanches, rosées ou légèrement jaunâtres. Cependant, d'autres coloris sont possibles : le vert, le bleu, le marron ou le noir. Les perles noires, précisément, sont extrêmement rares et très coûteuses. Lorsqu'elles sont blanches, leur brillance iridescente rappelle l'arc-en-ciel et c'est de cette particularité d'ailleurs qu'émane leur nature poétique. C'est également cette brillance qui fait office de premier critère dans l'estimation de la valeur d'une perle. Viennent ensuite les facteurs suivants : la taille, la couleur, la symétrie. On accorde huit formes de base aux perles dans l'univers de la joaillerie : rondes, semi-rondes, bouton, larme, poire, ovale, irrégulière et baguée. On estime le poids des perles grâce à une unité de mesure spécifique que l'on appelle grain. Ainsi, un grain vaut 0,05 gramme et l'on compte 75 grains dans un momme, ce qui correspond à 3,75 grammes.

     Toujours populaires aujourd'hui, peut-être un peu moins prisées qu'à l'époque de nos grands-mères quand même, les perles sertissent encore bagues et pendentifs luxueux, ornent encore boucles d'oreilles et colliers fins. Or quoique certains les trouvent un peu vieux jeu, un engouement certain pour les fameuses perles noires de Tahiti prouve que la production de perles se réserve de nombreuses années à venir. Dommage toutefois que l'on n'ait pas encore trouvé le moyen de provoquer leur fabrication sans faire mourir 75 % des mollusques que l'on emploie à cette tâche. Espérons que les techniciens et les fermiers de perliculture feront quelques percées positives pour une production plus respectueuse…

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