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     Le Charme de Sidi Bousaïd

     Le Charme de Sidi Bousaïd


      Palais Ennejma Ezzahra

     Le Charme de Sidi Bousaïd

              Les battants de bois épais, peints en jaune et cloutés de noir à la mode andalouse, s’ouvrent lourdement sur une allée. Celle-ci contourne la colline en contre-bas du village, qu’on ne devine pas, tant la pente est rapide, et enfin s’élargit, s’arrondit au-devant d’un palais, afin qu’on le voie mieux : NejmaEzzohra.

              Plus grande, plus allongée que les autres maisons du village, elle se couvre, comme elles,  d’une terrasse. Comme elles aussi, elle reste hermétique, jalouse de son secret, percée seulement de quelques fenêtres inégales. Celui qui la construisit savait apprécier la valeur d’un mur, d’un mur tout nu, sans sculpture, sans moulures, sans étalages de vaine science et, tranchant sur ces étendues éblouissantes, l’adorable accident d’un moucharabieh peint en vert bleu sous un auvent de tuiles vernissées ou d’une grille en fer forgé, défendant les abords d’une fenêtre.

              Dans cette masse, seul compte, au rez-de-chaussée, le portique qui repose sur de fines colonnes de marbre, aérant et allégeant le cube de la construction en même temps qu’il crée entre le dedans et le dehors un rempart délicat d’ombre et de fraîcheur.

              A l’intérieur, même compréhension des nuances de confort arabo-andalous a su ajouter au type original de la villa gréco-romaine, sous un ciel plus ardent ; mais que l’ombre soit plus épaisse au cœur de l’été, que l’eau s’écoule par de petites rigoles et qu’on entende son frais murmure ; qu’il y ait peu de meubles, à terre quelques tapis persans, des plus rares ; que sur les murs, de bas en haut on observe la division en trois parties qui est de règle dans tout l’Orient : un revêtement de marbre, de mosaïques ou de carreaux céramiques, une frise de stucs ajourés, taillés en creux et de biais pour que la lumière les fouille constamment, enfin un plafond de bois doré, de cèdre sculpté, qui garde son odeur aromatique.

              Dans les jardins, partout on sent la présence d’un homme qui n’a pas l’audace de se substituer à la nature, mais qui, ayant découvert un des plus beaux paysages du monde et voulant exprimer l’émotion que lui cause cette vue, ménage des pauses aux endroits propices, prolonge des lignes, ajoutant ou retirant à la réalité ce qui presque toujours lui manque ou est en trop.

    NejmaEzzohra se présente à moi comme une réussite paradoxale, un équilibre miraculeux entre le paysage et l’architecture, entre la nature et la manière dont l’homme sait y ajouter.

    Texte extrait du livre de Léandre Vaillat (ami du Baron) intitulé « Le Collier de jasmin » édité en 1946 aux Editions l’Artisan.

     Source http://www.ennejmaezzahra-tunisie.org
    Et pour terminer voici une vidéo récapitulative, sur la ville de Sidi Bousaïd

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