• Une brique dans le vent

    Une brique dans le vent

                C’était un matin de printemps, de beau-temps et de soleil. Il était distrait de l’écoute de la musique au volant de sa voiture, la tête dans les nuages, le jeune et talentueux golden boy de la city roulait vers la banlieue de Tunis dans sa nouvelle Porsche 911 Turbo adopte de profondes innovations technologiques, et fraîchement payée. Il jetait un regard négligent sur les pauvres gamins qui jouaient sur le pavé, quand soudain, un objet non identifié croisa sa route et s’enfonça dans son aile droite avec un « blang » retentissant ! Une brique avait été lancée contre sa voiture.

    Le golden boy freina sec et fit marche arrière pour voir d’où était partie le projectile. Il rencontra un jeune garçon apeuré :

    - hé, gamin ! Qu’est ce que c’était que ce truc ? C’est toi qui as lancé cette brique ?  Face au silence embarrassé de l’enfant, l’homme sut qu’il était en face du coupable.

    - Tu sais combien coûte cette voiture ? Ta vie ne suffirait même pas à me rembourser ! Bon Dieu, Pourquoi as-tu lancé cette brique ?

    - S’il vous plaît monsieur… Ne criez pas. Je suis désolé. Je ne savais pas quoi faire d’autre. J’ai lancé cette brique parce que personne ne se serait arrêté, pour m'aider.

              Des larmes creusaient des sillons sur la peau sale du gamin. C’est mon frère monsieur, poursuivit-il. On jouait et il est tombé de sa chaise roulante. Tout seul je ne peux rien faire : il est trop lourd pour moi. Pourriez-vous m’aider à le remettre dans sa chaise. Il risque de se faire écraser là près de la chaussée et je veux le ramener à la maison…

              Le golden boy avait du mal à avaler sa salive. Sans plus attendre, il aida l’enfant paralysé à regagner son fauteuil. Il sortit un mouchoir brodé de sa poche et essuya les plaies du gamin avant de lui demander si tout allait bien pour lui. Il se tourna alors vers son frère, responsable de l’éraflure sur sa porsche, et lui proposa de les ramener chez eux.

              Le golden boy ne fit jamais réparer l’aile de sa voiture de luxe. Il conserva l’éraflure car elle lui rappelait de ne jamais conduire si vite dans la vie qu’on dut lui lancer une brique pour attirer son attention.

              Dans la vie, certaines briques sont plus douces que d’autres. Le golden boy n’a pas souffert personnellement… C’est sa voiture qui a subi les frais de sa morgue. Faites attention à sentir le vent des briques qui arrivent sur vous avant qu’elles ne vous blessent. Anticipez, regardez autour de vous… peut être qu’un être souffre dans les alentours. Peut être que vous pouvez l’aider avant qu’il ne se manifeste en vous jetant quelque chose au visage.

    Aider les autres
    Un sourire, un geste, une écoute attentive suffisent parfois à soulager l'autre des ses maux. Aider se résume parfois à des actes aussi simples pour celui qui prend le temps pour autrui. Cela va parfois beaucoup plus loin quand l'aide devient un engagement, un acte militant. Mais dans les deux cas, ce don de soi apporte à l'autre autant qu'il nous apporte : un sentiment d'utilité et donc une sensation d'exister. Une compréhension aussi plus grande de ceux qui nous entourent et de ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes. Mais ce don de soi ne doit pas se transformer en abnégation. Car il devient alors très lourd à porter pour celui qui le reçoit, lui infligeant dans un même temps une dette à payer en retour. S'oublier un temps pour aider les autres, certes, mais s'oublier tout le temps n'aidera plus personne.


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